
En publiant son rapport sur la préfecture de police de Paris, la Cour des comptes donne un sérieux coup de pouce au projet du ministère de l’intérieur de réformer la célèbre « PP », préconisant en effet des mesures souhaitées par Beauvau. Le rapport propose notamment de « décentraliser » l’organisation de la préfecture de police de Paris et de rattacher son mythique « 36 » à la direction centrale de la police.
La fin de la mainmise de la préfecture de police de Paris (PP) sur sa police judiciaire, anciennement établie au 36 quai des Orfèvres et qui se trouve aujourd’hui dans l’ouest de Paris, est l’un des objectifs affichés par le ministère de l’intérieur depuis plusieurs mois, mais elle fait l’objet d’âpres débats.
Dans un rapport publié lundi 16, la Cour des comptes souligne un « chevauchement des compétences » entre les services parisiens et leurs homologues de la place Beauvau et « une concurrence entre les services ». Conséquence : « L’existence parallèle de ces deux directions laisserait subsister une organisation peu efficiente », assène-t-elle.
Le patron de la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ), Jérôme Bonet, a déjà exprimé publiquement le souhait de cette fusion en mai devant la commission d’enquête sur les moyens des forces de sécurité. « En termes de communication, d’information, le partage est beaucoup moins parfait si on n’est pas sous la même autorité », avait estimé celui qui a fait l’essentiel de sa carrière de police judiciaire à la préfecture.
Pour Christophe Castaner, cité dans le rapport, « les observations et recommandations que comprend ce rapport public thématique rejoignent très largement les questions qui font actuellement l’objet d’une réflexion approfondie » dans le cadre des travaux engagés pour l’élaboration d’un livre blanc de la sécurité intérieure.
« Il est clair que la volonté de réformer la préfecture de police est toujours d’actualité au ministère », a abondé lundi une source proche du dossier.
La préfecture de police, « un petit ministère de l’intérieur »
En juillet, le préfet de police de Paris, Didier Lallement, nommé en mars avec une feuille de route incluant la réforme de la PP, a remis des propositions. « Le ministre en a d’ores et déjà arbitré un certain nombre dont la mise en œuvre est de nature à répondre à plusieurs préoccupations exprimées par la Cour », a fait valoir lundi auprès de l’Agence France-Presse (AFP) la préfecture de police. Mais pas un mot sur la police judiciaire parisienne dans les réponses communiquées.
Le préfet de police souhaiterait, en plus de conserver la police judiciaire parisienne, s’adjoindre la police judiciaire de Versailles qui couvre les départements de la grande couronne (Val-d’Oise, Yvelines, Essonne, Seine-et-Marne), selon une source proche du dossier.
« La préfecture de police est un petit ministère de l’intérieur. Cela lui permet de vivre dans une relative autonomie vis-à-vis du ministère de l’intérieur », a dit à l’AFP un spécialiste des arcanes de l’Etat.
« Il n’y a pas d’équivalent en France. A Lille et Marseille, les préfets ne donnent pas un ordre directement aux policiers. Il faut réduire le caractère exceptionnel et dérogatoire de la PP par rapport au reste de la police nationale », ajoute-t-il.
La Cour des comptes, qui fait treize recommandations, pointe ainsi du doigt les pouvoirs du préfet de police « trop centralisés » pour une zone géographique étendue à la petite couronne (Val-de-Marne, Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis) et aux aéroports parisiens.
Elle recommande donc de placer les services de police de la petite couronne directement sous l’autorité des préfets départementaux.
« Soucieux d’associer pleinement les préfets des départements de petite couronne à ses décisions en matière de sécurité publique (…) le préfet de police les réunit désormais deux fois par mois afin d’en faire des acteurs essentiels de l’action sécuritaire » sur la région parisienne, a répondu la préfecture de police à l’AFP.
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